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Ma vie, mon oeuvre, mes rhumatismes
13 juillet 2014

Chapitre 24...

Suite...

 

24

 

Oui... Marty, disions-nous, avait courageusement abandonné Mc Bride aux prises avec son chef, lequel, souvenez-vous, était d’une humeur à massacrer le premier venu. Qui ne l’eût été à sa place... ? Dormir sur un lit de camp, si l’on exclue les masochistes et les militaires, n’a jamais été pour d’aucun un plaisir auquel on peut s’adonner sans que son caractère n’en subisse les conséquences désastreuses que l’on sait. A savoir : une humeur etc., ne nous répétons pas.

Et comme le premier venu était Mc Bride, ce fut lui qui essuya les foudres de son chef. Quoi que la foudre, qui est essentiellement, sinon totalement, composée d’électricité, est rarement assez humide pour qu’on dût l’essuyer. Cela s’évapore tout seul. La foudre est un phénomène naturel de décharge électrostatique disruptive, c’est à dire que ce que l’on appelle un claquage disruptif est un claquage électrique détruisant localement le caractère isolant d’un milieu.

Eh bien voilà de façon assez précise un portrait du chef de Mc Bride. Un claquage disruptif à lui tout seul. C’est dire s’il ne fait pas bon se trouver à proximité lorsque celui-ci se laisse aller à disrupter pour un oui ou pour un non. En l'occurrence il s’agissait d’un nom. Celui que Mc Bride était incapable de lui fournir, qui permettrait d’identifier à coup sûr l’assassin d’un certain Al. Or Al travaillait pour un certain Winkel et Winkel ne tarderait pas à se rappeler à son mauvais souvenir s’il ne lui fournissait pas rapidement une réponse. Ce que nous ignorions jusqu’à présent, tout occupés que nous étions à suivre les péripéties des uns et des autres, c’est que non seulement Winkel tenait Mc Bride par les couilles à cause d’une certaine jument, (lesquelles, faut-il le préciser, en sont dépourvues) mais qu’il tenait également son chef par les mêmes attributs virils, à cause cette fois d’un jeune éphèbe que la bonne société, principalement en son espèce féminine dont il était la coqueluche, s’arrachait pour ses soi-disant réputés infaillibles dons de voyance et qu’il avait présenté au chef lors d’une de ces soirées où il est de bon ton d’inviter hommes politiques et police locale, par pure amitié, chacun l’aura compris, et sans qu’il soit question à aucun moment non plus  de « coups de pouce » donnés à l’un par les autres contre de modestes enveloppes dont on ignore le contenu. De simples billets de tombola destinés à financer des œuvres de charité, s’est-on laissé dire.

Ce que le lecteur est en droit de savoir, c’est que le chef ne se contentait pas d’être mal marié, ni de s’envoyer en l’air à l’occasion avec telle ou telle de ses jeunes collaboratrices, il appréciait également les jeunes et beaux éphèbes, qualités dont était très généreusement pourvu ledit voyant qui ne rechignait pas non plus à la besogne de ce côté-là (j’imagine que vous voyez de quel côté l’on parle..., mais jetons un voile pudique...) pour améliorer ses fins de mois.

 L’affaire, on s’en doute, avait été montée de toute pièce par Winkel qui avait offert l’une de ses résidences afin que les deux tourtereaux s’y ébattent à loisir loin des regards indiscrets.

Il avait aussi payé un photographe professionnel véreux pour faire de la scène, ou, disons plus justement, des scènes qui s’ensuivirent, une série de photos sans ambiguïté aucune. Aussi le chef de Mc Bride se mordait-il aujourd’hui les doigts d’avoir accepté que Winkel lui offrît ce beau devin.

Ce qui sauva Mc Bride de la terrible colère de son chef fut un appel du chef de son chef qui lui intimait l’ordre de... de quoi nous ne le saurons jamais, car le chef de Mc Bride s'exécuta aussitôt, et comme, en bon militaire, il ne connaissait à cette proposition qu’une acception possible, on prit cela pour un suicide à mettre sur le compte de cette relation qui commençait à faire scandale, menaçant de lui faire perdre son honneur et de ternir l’image de la police déjà assez pâlotte. Mais, comme disait le sage Aronoff : « Tu peux briser tous les miroirs, tu n’en seras pas pour autant moins laid. »

 

Mc Bride échappa donc de justesse au rapport qu’il devait rendre à son chef depuis déjà... Pffftt ! un certain temps. Il ne put cependant pas couper à établir un rapport sur le suicide de son chef puisqu’il en était le seul témoin.

« Et montrez dans votre rapport le courage de cet homme qui, ne supportant pas de voir son honneur sali par des ragots indignes et voulant préserver notre Grand Corps, a préféré se donner la mort ! » lui glissa, « sans vouloir vous influencer, naturellement... » le chef de son défunt chef.

 

RAPPORT DE L’INSPECTEUR MC BRIDE

 

Ben je venais de rentrer, non, on venait de rentrer, Marty et moi, d’une longue et pénible enquête, je m’apprêtais à faire mon rapport, quand le chef s’est levé du lit de camp où il dort depuis quelques temps rapport au fait que sa bourgeoise l’a foutu à la porte, et j’ai vu tout de suite qu’il était en colère. Il arrêtait pas de se mordre les doigts. Et il criait très fort. Sûrement que ça devait faire mal. Et puis le téléphone a sonné, il a décroché, il a dit oui je m’exécute et c’est ce qu’il a fait. Il a pris son pistolet de service dans son holster et là il m’a épaté, je me suis dit, mon petit Mc Bride ( oui c’est comme ça que je m’appelle dans l’intimité, parce que j’aime pas beaucoup mon prénom ) ce type-là a vraiment du courage, il mérite, parce qu’il tenait le pistolet avec sa main droite. Faut dire qu’il est, heu... qu’il était droitier, et donc il tenait son pistolet avec la main droite et il a appuyé sur la détente avec l’index de cette main. Putain ça devait faire mal rapport au fait qu’il se l’était mordu juste avant, moi à sa place j’aurais tiré avec la main gauche, parce que pour l’usage qu’il en a fait, la gauche ou la droite c’est pareil, y a pas besoin d’être un tireur des litres .

Ben voilà, je vois pas ce que je pourrai ajouter... ah si, son sang a éclaboussé partout et sa cervelle aussi, même que j’en ai eu plein la figure et aussi sur mon complet et c’est le seul que j’ai. Je sais pas où je dois envoyer la facture pour le blanchissement et si je peux faire passer ça en note de frais.

Signé : inspecteur de 3ème classe Mc Bride. ( Je mets pas mon prénom, parce que comme j’ai dit je l’aime pas. )

 

Suite à ce rapport, Mc Bride fut promu en lieu et place de son chef, et Marty prit la place qu’occupait Mc Bride. Le système de promotions, qui se fait automatiquement dans l’administration en vertu des départs en retraite ou dans l’autre monde était respecté et c’était l’essentiel, mais voilà de quoi répondre à la question que tout un chacun se pose légitimement : pourquoi la police est-elle de plus en plus incompétente alors qu’elle accumule les années d’expérience ?

Mc Bride fut donc très occupé durant les jours qui suivirent. Il devait débarrasser le bureau de son chef pour y placer les menus objets qui font oublier au fonctionnaire de base qu’il se fait vraiment chier derrière son écran. Personne ne lui demanda où en était son enquête car tout le monde s’en foutait, chacun étant occupé à tenter de prendre la place de son supérieur en l’impliquant dans des affaires louches. Et pas d’appels de Winkel. Bonne ou mauvaise nouvelle ? Il n’en savait rien. Mais c’était un répit qui le rapprochait de la retraite et il n’en demandait pas davantage. Quant à Marty, il tourna en rond dans un bureau vide, n’ayant aucun objet à y placer, car célibataire et sans enfants. Ainsi, pas de photos de famille. Ou de vacances. Ou de famille en vacances. Et comme il n’était guère collectionneur dans l’âme, pas de vierge de Lourdes en plastique phosphorescent ni de chromo représentant une chasse à courre. Tout ce qu’il possédait était une reproduction en polyester de Schreck qui disait GRRRrrr ! mein kleinermann ! lorsqu’on lui enlevait une sorte de porte-bébé qu’il portait autour du cou et avec laquelle il jouait à longueur de journée. De sorte que Jonas pouvait, de façon alternative, dormir sur ses deux oreilles, ce qui tombait bien, Jonas, ayant tendance à se tourner d'un côté puis de l'autre dans son sommeil.  Du moins en ce qui concernait la police. Ce n’est pas elle qui lui mettrait le grappin dessus.

Voilà donc pour ceux qui se demandaient ce que cette dernière foutait ?

Ouf ! Nous l’avons échappé belle. Un peu plus et on oubliait Mc Bride, Marty et consort. Par chance nous avons une femme qui est là pour nous rappeler à l’ordre de temps à autre. Et à qui nous avons tellement envie de faire plaisir ! Les divorces sont toujours des moments désagréables à passer et, justement, nous avons passé l’âge de ce genre de réjouissance, en ayant déjà connu trois à nous deux.

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