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Ma vie, mon oeuvre, mes rhumatismes
28 juillet 2014

Chapitre 28

Suite...

 

28

 

D'un pas décidé Lory quitta l'hôtel sordide où ce fou de Winkel voulait lui faire passer la nuit. Deux nuits même ! Elle n'était pas bégueule, mais tout de même, il y a des limites !

Elle ne fit pas plus de dix pas dans la rue avant de trouver un taxi.

- Et elle va où la petite dame ? Demanda celui-ci. Enfin, nous voulons dire le chauffeur, car il est bien connu en effet que les taxis ne demandent jamais rien. Si les voitures parlaient ça se saurait.

Lory détestait qu'on l'appelle ma petite dame, elle détestait ce ton paternaliste, aussi lui répondit-elle sèchement que si on le lui demandait il dirait qu'il n'en savait rien.

- Moi je veux bien, mais c'est pas comme ça que je vous conduirai à destination, fit-il du ton blasé de celui qui en a entendu d'autres.

Lory savait reconnaître quand une réflexion était frappée au coin du bon sens, aussi fit-elle amende honorable.

- Pardonnez-moi, dit-elle je viens de m'engueuler avec mon mari et je suis un peu à cran...

- Ah ! L'amour ! L'amour ! Déclama le chauffeur qui avait des lettres, ( dont certaines étaient d'amour également, ce qui peut-être l'inspira ) ce mot traîne dans bien des bouches, mais qui est assez grand pour vivre ce qu'il implique ?

- Vous connaissez Charles Juliet ? S'étonna Lory.

- Un des plus grands poètes français contemporains... lâcha-t-il dans un souffle lyrique. Je l'ai à mon chevet.

- Vraiment ? Vous me le présenterez ?

- Ah ! Ma petite dame, je voudrais bien, malheureusement ce ne sont que ses œuvres, mais j'ai ouï-dire que l'auteur le connaissait bien, adressez-vous à lui.

 - Mais je ne connais pas l'auteur !

 - Regardez sur la couverture, son nom y figure à coup sûr. Son éditeur transmettra votre lettre.

 - C'est une idée. Je m'y pencherai dès que cette histoire sera finie.

 - Et à part ça, elle va où la petite dame ?

Le lecteur n'aura pas été sans remarquer que c'est la troisième fois que le chauffeur de taxi, que nous appellerons Gaston par commodité, que Gaston donc, désignait sa cliente, que nous appellerons Lory car elle s'appelle Lory, désignait Lory donc par « ma petite dame » et que si elle avait pris la mouche la première fois, elle ne releva pas les deux suivantes. Nous avons là un exemple frappant de ce que la poésie est capable de produire sur les âmes. Remercions-là et poursuivons.

- Je ne sais pas, dit-elle, pouvez-vous me conduire à un bon hôtel ? Quelque chose d'agréable, en bord de mer par exemple. Et qu'importe le prix, c'est mon mari qui paye.

- Je pense avoir ce qu'il vous faut, ma petite dame. Parfait si vous avez besoin de prendre un peu de recul, réfléchir à votre situation, appeler votre avocat pour le divorce et toutes ces choses.

- Mais je ne compte pas divorcer...

- Oui, oui... c'est ce que disait ma femme avant de me dépouiller après que j'ai gagné le gros lot au loto... Votre mari est riche ?

- Oui, très, mais je ne vois pas...

- Et il est vieux ?

- Oui... enfin non, pas tant que ça... Et puis quelle importance ?

- C'est aussi ce que prétend la femme de l'auteur, mais comme il est pauvre, elle n'a pas vraiment de raisons de le quitter... nous verrons bien ce qui va se passer si d'aventure ce livre marchait... En attendant, si vous avez besoin d'un bon avocat, j'en connais un...

- J'ai pourtant cru comprendre que vous aviez perdu...

- Je voulais parler de celui de ma femme...

Pendant que se déroulait cette intéressante conversation, le lecteur aura eu le loisir de réfléchir. Et nous supposons qu'il lui est venu en tête une certaine idée. Et il aura eu raison. Levons donc le suspense. Oui, tu as reconnu, lecteur, chez ce chauffeur de taxi, celui-là même qui a conduit notre héros, Jonas et sa compagne dans un hôtel des bords de mer. D'un bord en tout cas. Car, en effet, si l'on veut bien regarder les choses en face, la mer ne possède qu'un bord, qui en fait le tour. L'expression « les bords de mer » est donc inappropriée, sujette à caution, caution dont nous ignorons le montant et que nous ne sommes prêts à régler que si nous avons la certitude qu'elle nous sera reversée intégralement dans le cas probable où nous la rendrons ( l'expression ) en aussi bon état que nous l'avons trouvée.

Passons donc, si vous le voulez bien, au chapitre suivant, nous aurons tout loisir d'y retrouver Lory.

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